Une édition très spéciale

Cher(e) toi...

Je ne devais pas écrire cette lettre. 

Et puis, tu vois, le simple fait de m'être dit : c'est trop complexe, trop casse-gueule (bon en fait trop de travail surtout !), ça m'a perturbé.

Alors ce dimanche on va parler du conflit Israël/Hamas, mais attention.

Je vais te faire une promesse...

Non, non, ne pars pas, attends un peu. 

Je sais, les médias et les réseaux sociaux sont déjà envahis d’informations. 

Ton cerveau est submergé. Les infos ne sont pas neutres. Les opinions, les témoignages sont parfois choquants. 

Autour de toi, peut-être, il y a ceux que tu ne veux plus entendre, il y a ces images dont tu ne sais plus si elles sont vraies ou fausses, il y a ceux qui s’indignent des morts, d’autres qui s’indignent de certains morts plus que d’autres, et puis d’autres qui comparent, d’autres qui accusent, il y a les enfants brûlés, les enfants bombardés, tu te dis que décidément l’actualité nous enfonce de plus en plus dans un chaos irréconciliable.

Et tu aurais préféré que moi, en ce dimanche, je t’emmène ailleurs, tiens par exemple sur la petite île de Bali où j’ai décidé de vivre, un peu plus loin des tempêtes.



Mais justement, je vais faire ça.

Voici ma promesse : si je dois te parler de cette actualité hurlante, ce ne sera pas pour rajouter de l’information à l’information.

Mais pour t’aider à vider consciencieusement ton cerveau.

Prendre une pause ensemble.

🌈🌈🌈 🌈🌈🌈  Cette lettre est une édition spéciale pour nous aider (moi y compris) à gérer nos émotions et notre consommation d'information dans le cadre du conflit en Israël. Je ne donnerai pas mon avis. Je n'ai pas non plus cherché à distinguer le vrai du faux. Si tu préfères profiter de ton dimanche et on se donne rendez-vous dans 15 jours ! Mais, hum, dans ce cas, histoire de te donner mauvaise conscience (haha),  sache que j'ai travaillé plus de 30 heures sur ce petit guide objectif, alors que je fais déjà des semaines de 12 heures par jour depuis que j'ai décidé de lancer le nouveau média de Flint, "Génération IA". Il est donc très imparfait, comme ma tête en ce moment de type qui travaille trop. Je l'ai structuré de façon à ce que tu puisses le conserver pour en lire des bouts de temps en temps.  🌈🌈🌈🌈🌈🌈 

Pour commencer, je vais te raconter une histoire.

Quand Boris Cyrulnik était enfant, pendant la guerre, il a compilé ses souvenirs dans des notes. Pour les conserver pour plus tard, comme pour se vider de trop d’horreurs. 

Et puis il a perdu ses notes.

Longtemps après avoir rédigé ses mémoires sur le sujet, le célèbre neuropsychiatre les a retrouvées. Et qu’a-t-il découvert ? Que les souvenirs qu’il avait couchés sur le papier n’avaient plus rien à voir avec ses notes.

Que s’était-il passé ? S’était-il menti à lui-même ? Non, insiste-t-il. C’était sa vérité. 

La manière dont nous réinventons les événéments traumatiques que nous avons vécu, c’est notre façon de les digérer.

Chaque individu, en fonction de ses expériences, de ses rencontres et de ses échanges, reconstruit sa propre version des événements. 

La mémoire n'est pas une archive factuelle, elle est également façonnée par les émotions, les interactions et le contexte.

Alors que faire de tout ça ? Il n’y aurait pas de vérité ?

Ce qui est essentiel, ajoute Cyrulnik, ce n'est pas tant l'objectivité des faits, mais plutôt l'intersubjectivité. 

C'est-à-dire la manière dont nous partageons et comprenons mutuellement nos souvenirs et nos histoires.

Pourquoi je te raconte tout cela ?

Dans le conflit Israël / Hamas, bien sûr, il y a des faits, des chiffres. Mais à l’ombre de ses images traumatiques, chacun se construit sa propre histoire. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de les partager et de les comprendre.

Mais il y a un problème (bon, il y a en fait PLEIN de problèmes, mais simplifions) : le rythme infernal des informations, accéléré par la technologie, nous empêche de les digérer.

Et même de les partager.

Nous devons apprendre à faire des pauses. 

Compter lentement chaque information que nous faisons entrer dans notre esprit, même la colère des autres, même les données qui explosent autour de nous et qui semblent sorties de nulle part. 

Et, surtout, surtout, nous devons protéger notre cerveau.

Parce que même lorsque nous fermons les yeux, et en particulier quand nous refusons de parler ou d'écouter, l’information continue de sculpter notre mémoire. 

Et ce que nous sommes.

Boris Cyrulnik explique qu’il n’y a pas de rythme, donc pas de musique, sans silence. Il faut les deux.

Tout le monde n’en est pas capable aujourd'hui. 

Mais toi, qui lis cette lettre, tu en as la chance. 

Je te propose de prendre quelques minutes ensemble, et de faire ce travail, avant de retrouver le rythme aveugle de nos vies.

Qu’en penses-tu ?

Alors sers toi un café ou un thé, assis toi, et commençons…
⛰️ LES TROIS ÉTAPES

Substituer la sagesse à l'esprit critique

Tout d’abord, abandonnons l’esprit critique. Il ne nous sera d’aucun secours.

Le conflit israelo-palestinien (et plus généralement l’histoire des tensions qui ont de tout temps entouré Jerusalem), est une bombe à fragmentation pour l’esprit critique. 

Il embarque avec lui tellement d’émotions, de traumatismes, d’imaginaires et donc de biais cognitifs, qu’il est impossible de le penser rationnellement. Ce n’est pas la complexité du sujet qui nous interdit de le penser de façon stable, c’est sa nature.

Donc je te propose de passer directement à l’étape suivante. 

Le seul moyen de ne pas devenir fou dans ce chaos , c’est d’apprendre à naviguer.

Je ne vais pas te dire quoi penser du conflit, d’abord parce que j’en suis incapable, et puis ça n’aurait aucun intérêt. Mais je peux te donner quelques outils. En tout cas ceux que j’essaie de m’appliquer à moi-même.

Après tout, le sous-titre de mon livre “Information : l’indigestion” s’appelle bien “Penser par soi-même dans le chaos de l’information”. Haha. Oui sauf qu’avec ce sujet explosif, que j’ai toujours soigneusement évité d’aborder jusqu’à aujourd’hui, c’est une autre affaire.

C’est un peu l’ultime horrible dragon du dernier niveau dans le jeu vidéo des chevaliers de la raison. Un dragon imabattable parce que apparemment complètement fou. Il n’y a aucune règle.

Alors comment faire ?

Les émotions

La première chose que j’ai faite, c’est d’identifier mes biais cognitifs sur ce sujet. J’en ai plein, bien que je ne sois ni juif ni mulsulman. Ils sont sans doute différents des tiens. Personne n'est neutre. Et ce n'est pas grave, au contraire, tant que nous apprenons à nous parler.

Pour les faire jaillir, il te suffit par exemple d’ouvrir une application de réseaux sociaux et d’observer tes réactions en faisant défiler les messages des autres et de mettre un nom sur les émotions qui t’assaillent.

Alors je te préviens tout de suite, les reconnaître ne les fera pas disparaitre, mais c’est déjà un bon début de savoir.

Ensuite, j’ai laissé s'exprimer mes émotions. Elles étaient nombreuses, violentes parfois, lorsque j’ai vu les premières images des atrocités commises par le Hamas. Elles étaient différentes, mais pas moins paralysantes, lorsque j’ai vu les conséquences terribles de la riposte israelienne sur Gaza. Chacun son expérience, mais il m’a semblé indispensable de vivre ces émotions sans chercher à réfléchir. 

Pour faire ça, j’ai choisi de me couper du flux infernal d’informations pendant quelques temps, afin de laisser ces émotions faire leur chemin en moi. 

Boire un verre de vin en regardant le coucher de soleil à Bali m’a un peu aidé.



Durant ces deux étapes, je n'ai pas cherché à réfléchir. Je sais, ça te parait peut-être contraire à l'esprit critique, mais justement.

Repense à la musique de Boris Cyrulnik. Ce rythme nécessaire à la pensée que le silence structure.

Face au massacre d'êtres humains, il faut se donner le temps du silence. Digérer l'émotion avant de commencer à donner son avis. Aucune urgence morale ne justifie le "oui mais". Quand le chaos s'installe, d'un côté comme de l'autre, il est important de séquencer.

La troisième étape est beaucoup plus compliquée.

Je te résume le concept : écouter sans sciller celles et ceux dont le ressenti est différent du mien. 

C’est parfois difficile parce que les réactions de certains étaient, pour moi, particulièrement violentes, sans filtre, sans aucune nuance, et que j’ai horreur de ça. 

Je n’ai donc pas cherché à comprendre leurs arguments mais simplement à écouter leurs émotions. Les émotions sont toujours liées à une histoire personnelle. Oublie les arguments, essaie d’écouter l’histoire. C’est ce qui importe.

J’ai réalisé que faire ce simple exercice d’empathie me permettait d’aborder le sujet avec plus de souplesse, et donc de faire baisser ma charge mentale quand j’écoute les autres évoquer le sujet. 

Ce n’est pas vraiment une souplesse argumentative, hein, mais plutôt une souplesse neuronale si j’ose dire. Avec le temps, nous creusons tous des sillons de plus en plus profonds dans notre cerveau. Et c’est à cause de cela qu’il est difficile d’aborder spontanément ce qui sort de notre modèle émotionnel ou rationnel. 

Si tu ne vois pas ce que je veux dire, essaie de passer brutalement d’un clavier Azerty à un clavier Qwerty et tu toucheras du doigt le grand mystère des sillons neuronaux.

C’est bon ? Tu te sens plus souple ? Ok, passons à la quatrième étape. 

Tu vas voir qu’elle contredit un peu la troisième. C’est fait exprès.

Les voix contraires

La quatrième étape consiste à ne pas écouter les arguments contraires. C’est pourtant une technique que je recommandes dans mon livre. Mais dans ce cas précis, ça ne sert à rien. C'’est même contre-productif. 

Pourquoi ?

Parce que dans cette histoire, si tu m’as bien suivi de puis le début, tu as compris que l’approche du “pour/contre” est un piège pour l’esprit. 

Cheminer pour comprendre ce drame, ce n'est pas donner 50% de parole à Israël / 50% de parole au Hamas.

J’ai donc plutôt testé la technique qui consiste à écouter des voix contraires, mais de façon inversée.

Écouter un juif ou un Israélien critiquer l’action d’Israël. Par exemple cet avocat israélien, ou encore la célèbre activiste Naomi Klein lors d'une manifestation.

Ou écouter un musulman ou un Palestinien accuser le Hamas. Par exemple ce fils d’un des membres fondateurs du Hamas, devenu informateur pour les renseignements israéliens (ici interviewé par la chaîne d’extrême droite américaine Fox News et surtout auteur d’un livre dont je te parlerais plus loin), cet intellectuel musulman français ou encore cet animateur egyptien).

Encore une fois, ce n’est pas un exercice d’esprit critique, c’est juste du stretching du cerveau.

Voilà. Ça va un peu mieux ? Non ? C’est normal.

Continuons. 

Nous sommes prêts pour l’étape suivante.

Comment s’informer de façon utile sur le sujet sans frôler l’overdose ? Eh bien comme tu vas le découvrir, c’est un chemin très sinueux. Il s’agit autant de ne pas marcher sur une mine qui va faire dérailler ton calme légendaire que d’accepter le fait que le chemin le plus court n’existe pas. 

Attention, on va parler stoïcisme (et même un peu d’intelligence artificielle, haha je suis incorrigible). 

Et on va commencer par un autre paradoxe.
👻 LES TROIS PIÈGES

Un peu de méthode...


(Image générée par l'IA)

Le stoïcisme c’est, je résume à mort, l’idée selon laquelle il ne sert à rien de se se morfondre face à des événements qui échappent à notre contrôle, mais de plutôt chercher à maîtriser la façon dont nous y réagissons.

Mais comment faire ? Eh bien il y a des pièges.

Le premier piège, c’est de s’empêcher de penser un problème parce qu’il serait trop complexe. Tout est toujours “trop” complexe. Il faut juste un peu de méthode. Le problème c’est le temps. Je vais y revenir.

Le deuxième piège, c’est d’essayer de débattre sur les mots. Par exemple, génocide, Apartheid, terrorisme, ou encore crime de guerre… 

Et le troisième piège, c’est de penser que plus on s’informe, plus on sera informé. 

Bref. De la méthode donc. 

Alors voici la méthode que j’ai explorée et que je partage avec toi, en espérant que ça te soit aussi utile qu’à moi.
📰 LES SOURCES MÉDIAS

À consommer avec modération...


Commençons par les sources françaises.
 

Les médias français

Alors contrairement à ce que je professe habituellement, j’ai réalisé que dans ce cas précis, il était préférable de limiter au maximum les sources d’information.

J’ai donc éliminé les réseaux sociaux, les chaînes d’info en continu, et me suis concerntré sur 3 médias français, et quelques médias étrangers.

Pas plus ? Non, pourquoi ? En quoi ça te serait utile à ce stade ?

Les médias internationaux

Côté international, j’ai sélectionné une poignée de médias (en anglais) en raison de leur qualité et de leur position géographique, mais aussi parce que leurs contenus sont gratuits. 

A ne pas consulter frénétiquemnet, mais à picorer de temps en temps pour prendre du recul.


Les médias régionaux

Dans la région (en anglais) : 


Si tu veux aller encore plus loin, tu trouveras une liste commentée des sources des médias internationaux sur le site de Courrier International.

Je te recommande également vivement la "revue de presse internationale" de France Culture.

La désinformation

En France : Le site de DeFacto qui rassemble les vérifications de plusieurs médias partenaires. Et l’incontournable AFP factuel.

A l’étranger, la référence est le média américain Snopes, qui s’est spécialisé dans la vérification de fausses infos.

Je te recommande cet article du Center for Strategic and International Studies (en anglais) qui explique pourquoi les médias sociaux ne sont pas en mesure de faire face à la vague de désinformation liée au conflit.

Lire en anglais 

Si tu ne maitrises pas bien l'anglais, tu peux utiliser l'outil de traduction de Google, sur Chrome, mais j'ai mieux. Utilise l'extension Chrome "Reader GPT" pour faire un résumé en français de chaque article.
📓 LES RESSOURCES INCONTOURNABLES

Des chiffres et des lettres...


Au-delà de l’info et de la guerre des mots, il me fallait des outils et des éléments factuels stables pour m’y référer quand j’en avais besoin.

Le poids des mots

 Plutôt que de te battre avec les autres sur l’usage abusif ou non de certains mots (terrorisme, génocide…), essaie de comprendre ce qu’il y a derrière, et qui est derrière. 

Cela m’a semblé être une approche essentielle pour prendre du recul. 

Pourquoi ? Parce que c’est un guide qui aide les journalistes couvrant le conflit Israël/Palestine à comprendre que les mots utilisés ne sont jamais neutres. C’est donc un glossaire qui explore la sémantique du conflit et propose des alternatives plus “neutres” quand il y en a.

Par exemple sur le mot “terrorisme” : 

“Les journalistes devraient décrire les incidents spécifiquement, en utilisant des phrases telles que attentat-suicide, tir de roquettes sur des civils ou frappes aériennes ayant tué des civils, et préciser quelles actions ont été commises par une personne ou un groupe spécifique. Les termes terrorisme et terroriste ne devraient être utilisés que dans des cas répondant à la définition largement acceptée d'actes de violence contre des civils menés dans le but de faire avancer des objectifs politiques.”

Le guide aurait pu préciser “actes de violence délibérés contre des civils”. Ce qui semble, factuellement, être le cas de l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas.

Mais la désignation du Hamas comme organisation terroriste ne fait pourtant pas l’unanimité au plan international, sauf en Occident et au Japon.

L’ONU a tout de même publié une définition dans un document officiel

“Les actes criminels destinés ou calculés pour provoquer un état de terreur dans la population générale, un groupe de personnes ou des personnes particulières à des fins politiques sont injustifiables en toutes circonstances, quelles que soient les considérations de nature politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou de toute autre nature qui pourraient être invoquées pour les justifier.”

Sur le traitement de l’attaque du Hamas, tu retrouveras ici la liste quasi exhaustive des réactions de toutes les organisations non gouvernementales (ONG), classées par région. 

La couverture du conflit la mieux documentée par ces dernières est celle du Global Conflict Tracker (du Council of Foreign Relations) et celle de l’ONG indépendante Human Rights Watch.

Le traitement (et les biais) des médias

Cette page assez documentée et intéressante de Wikipedia. Les contributeurs traitent également sur cette page des propres biais de Wikipédia (et des jeux d’influence). Tu peux retrouver la page Wikipedia récapitulative des suites du 7 octobre ici pour te faire ton opinion.

Les chiffres

Le site de l’ONU publie un décompte des morts liés au conflit depuis 2000 (mais avant 2023) en mettant d’un côté Israëliens et Palestiniens pour, hum, j’imagine, permettre de comparer. 
Tu as peut-être déjà vu passer des infographies comme celles-ci : 

Il est intéressant de creuser ces chiffres, qui ont l’avantage d’être factuels. On remarque par exemple que les morts côté palestinien ne sont pas que du fait d’Israël. 

Les données des Nations Unies comparent aussi morts dues au conflit interne entre la Cisjordanie et Gaza (donc entre Palestiniens) : 

“Depuis 2005, le nombre de décès palestiniens dus à la violence interne a considérablement augmenté. En 2005, seuls 4 % du total des décès palestiniens de l'année étaient dus à des conflits internes. En 2006, les chiffres sont passés à 17 % et en 2007, les décès dus à la violence interne ont représenté 65 % du nombre total de morts palestiniens.”


Les rapports internationaux

Alors il y a ceux commandés par l’ONU sur l’occupation israélienne, qui sont tous très sévères vis à vis de l’Etat hébreu : Celui-ci en 2023 et celui-ci en 2022.

Il n’y a malheureusement aucun rapport officiel des Nations Unies sur le Hamas (ou alors j’ai mal cherché).

Le droit international

Oui parce que quand c’est le chaos, il y a toujours le rappel à la loi. Qui peut, au moins, permettre d’analyser les faits au regard du droit international, indépendamment de savoir qui a “raison” ou “tort” de se battre. 

Je te recommande ces trois articles sur le sujet. Celui du Human Rights Watch (en anglais) , celui du Council of Foreign Relations (en anglais) et celui de The Conversation qui a le mérite d’être en français.

Je te laisse lire par toi-même pour ne pas t'influencer, mais tous concluent que les deux parties sont dans l'illégalité sur des points différents.
🤖 L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Dis ChatGPT, et si tu me faisais gagner deux heures de travail ?


(Image générée par l'IA)

Le premier réflexe que j'ai eu a été d'aller sur Google pour répondre aux questions que je me posais tandis que les polémiques défilaient sur mon écran.

Grossière erreur.

Au bout de 5 minutes, mon cerveau explosait déjà, embarqué dans un puits sans fond de pistes à explorer pour défricher la complexité du sujet.

Faire des recherches c’est bien, mais ça prend du temps :
il faut aller sur Google, parcourir la page, cliquer sur les liens, et lire (parfois en anglais), puis faire une synthèse.

Et si l’IA pouvait le faire pour moi ?

Comme tu le sais peut-être, les IA comme ChatGPT sont de mauvais outils pour faire des recherches. En particulier sur ce sujet.

Si tu t'es abonné à la version expérimentale de "Génération IA", tu as peut-être vu passer mes astuces pour transformer ChatGPT en vrai moteur de recherche intelligent. C'est à dire demander à l'IA de prendre ma question, de "raisonner" pour les transformer en sous questions afin d'équilibrer ses recherches, de lancer elle-même ses requêtes sur un moteur de recherche, et de synthétiser une première réponse.

Ça ne répond pas à tout, parfois il y a des erreurs (mais tu en ferais aussi avec Google), mais ça permet de délivrer un premier travail. J'ai trouvé ça très intéressant.

Si tu as envie de faire toi-même l'exercice, il te faut une version payante de ChatGPT et d'activer les plugins. Tu trouveras la méthode complète ici (ainsi que le "prompt", c'est à dire l'instruction précise à entrer pour transformer l'IA en assistant intelligent).

Je partage avec toi les réponses de ChatGPT/Bing à mes questions dans ce document. Je n'ai rien corrigé, les résultats sont bruts (mais associés à chaque fois à une source), donc à prendre avec précaution, mais ça te donnera une idée. Lis ce document mais ne le partage pas.

📚 LES DEUX LIVRES À LIRE
Tu l'as compris, aborder la question du conflit Israel / Palestine,  c'est un long chemin sinueux (c'est pour cela qu'il faut se détacher de l'actualité pour dégager du temps).

Il faut prendre son baton de pélerinage, accepter de ne pas tout comprendre, et avancer à ton rythme.

Les livres sont un bon complément à tout ce que je viens déjà de te présenter.

Evidemment, je n'ai pas eu le temps de tout lire en quinze jours... J'ai donc feuilleté quelques livres (tu trouveras une liste intéressante ici) et j'en ai sélectionné deux pour toi.

Ô JERUSALEM


Le premier est terrible et fabuleux à la fois. Il nous fait entrer dans le drame par l'Histoire et les histoires.

Il est de Larry Collins. La vie de ce journaliste et écrivain américain, célèbre auteur de "Paris brûle-t-il ?" est aussi romanesque que ses livres. Il a été correspondant au Moyen-Orient pendant des années, a épousé une princesse égyptienne avant de finir ses jours à Ramatuelle.

Ce livre, co-écrit avec l'écrivain français Dominique Lapierre, raconte l'histoire de Jerusalem. Et en particulier les moments qui ont précédé la création de l'Etat d'Israël. Les tractations, la tension insoutenable, et le fatalisme qui, déjà, hantait les deux parties de ce drame.

Il y avait quarante-huit heures qu’Isaac Sadeh conférait dans cette pièce surpeuplée avec les jeunes loups du Palmach, tous hommes dont le monde entendrait parler vingt ans plus tard, comme Yigal Alon et Isaac Rabin. « Si le vote est positif, déclara-t-il avec gravité, les Arabes nous feront la guerre. Et leur guerre nous coûtera cinq mille vies humaines. » Il y eut un silence, puis il ajouta : « Et si le vote est négatif, c’est nous qui ferons la guerre aux Arabes. »


"O Jerusalem" raconte l'histoire des personnages clés de cet événement, mais aussi les anonymes. Le livre chemine sur les racines profondes de l'histoire de cette ville de la "paix" qui a vu tant d'âmes mourir pour elle.

"Que ce soit par le sacrifice des animaux sur l’autel de son ancien temple juif, par le sacrifice du Christ sur la croix, ou par celui, sans cesse renouvelé, des hommes sur ses murs, Jérusalem avait vécu comme aucune autre ville du monde dans la malédiction du sang versé. Yerushalayim, en hébreu ancien, signifie pourtant « la ville de la Paix »"


ISRAÊL ET SES PARADOXES


Le second livre est un exercice d'esprit critique, proposé par Denis Charbit, professeur de sciences politiques à la Faculté des Sciences humaines de l'Open University d'Israël. 

Il a été préfacé par Elie Barnavie, ancien ambassadeur d'Israël en France, qui écrit au sujet du conflit : 

"Si la vérité n’est jamais dans quelque improbable « juste milieu », elle est encore moins à l’une des deux extrémités du spectre. Elle est quelque part entre les deux, et c’est diablement compliqué et passablement frustrant."


BONUS 

Deux autres livres, et deux approches différentes, pour venir combler ta connaissance de l'histoire et des pratiques du Hamas.

  • Nuancé et (très) documenté : “Le Hamas et le monde”, Leila Seurat (CNRS) : une enquête en profondeur sur le mouvement et sa politique étrangère, en particulier ses efforts pour se faire passer pour un interlocuteur étatique.
  • Témoignage à charge : “Le Prince Vert”, Mossab Hassan Youssef : par le fils d’un des fondateurs du Hamas devenu informateur pour Israël.

🤔 MÉDITATIONS

Le village de notre passé


La nostalgie, selon Boris Cyrulnik, représente une douleur liée à ce que l'on a perdu. Elle peut être source de chagrin, comme lorsqu'on est loin de son pays natal, ou source de bonheur, quand on retrouve avec plaisir les souvenirs de son enfance. Cependant, dans le monde moderne qui évolue à une vitesse vertigineuse, beaucoup se retrouvent déboussolés. La transformation rapide de notre environnement et l'inondation constante d'informations font que nous peinons à retrouver "le village de notre passé". 

Cette surcharge d'informations et le rythme effréné de la société actuelle peuvent altérer notre mémoire et nous submerger. Nos rythmes biologiques peinent à suivre, et face à cette profusion d'informations, nous devenons confus. Cette confusion génère de l'anxiété, car nous ne savons plus comment agir ou penser.

Et c'est dans cette confusion que réside le danger : dépassés, nous cherchons des repères, souvent incarnés par une figure autoritaire à qui nous demandons de nous guider. Cyrulnik met en garde contre cette tendance, suggérant que face à une telle surcharge, nous pourrions être tentés, même démocratiquement, de remettre nos choix et nos pensées entre les mains d'un dirigeant plus autoritaire, voire dictatorial.
🌈 UNE DERNIÈRE POUR LA FIN
Une citation tirée du roman de Lucinda Riley (écrit par son fils après la mort de l'auteure), "Atlas", qui m'a accompagné et m'a permis de respirer un peu durant l'écriture pesante de cette lettre.

"L’espoir, c’est espérer même lorsqu’une situation nous semble désespérée. Choisissez d’espérer et de grandes choses pourront se produire."
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🤫 Je te souhaite un dimanche plein de silences. Profite de l'instant présent !

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❤️‍🩹 Benoît
Flint

Cette lettre a été réalisée par Flint Business. Flint utilise l'intelligence artificielle pour te permettre de créer des newsletters intelligentes en moins de 5 minutes afin de partager les meilleurs contenus d'information trouvés sur Internet, et d'y apporter (si tu veux) ton expertise. Tu peux tester ce nouveau service pendant 30 jours en cliquant sur le logo Flint ci-dessus ! ☝️